Protestants dans la Ville

Page d'accueil    Liens    

 

Gilles Castelnau

Images et spiritualité

Libres opinions

Spiritualité

Dialogue interreligieux

Hébreu biblique

Généalogie

 

Claudine Castelnau

Nouvelles

Articles

Émissions de radio

Généalogie

 

Libéralisme théologique

Des pasteurs

Des laïcs

 


.

Libre opinion



Renoncer à tout pour suivre Jésus

une façon d'être libre et libéré ?

Luc 14.25-33



Bodo Randria




6 décembre 2022

Luc 14.25-33
De grandes foules faisaient route avec Jésus. Il se retourna, et leur dit :

Si quelqu'un vient à moi, et s'il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple.

Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple.

Car, lequel de vous, s'il veut bâtir une tour, ne s'assied d'abord pour calculer la dépense et voir s'il a de quoi la terminer,

de peur qu'après avoir posé les fondements, il ne puisse l'achever, et que tous ceux qui le verront ne se mettent à le railler,

en disant : Cet homme a commencé à bâtir, et il n'a pu achever ?

Ou quel roi, s'il va faire la guerre à un autre roi, ne s'assied d'abord pour examiner s'il peut, avec dix mille hommes, marcher à la rencontre de celui qui vient l'attaquer avec vingt mille ?

S'il ne le peut, tandis que cet autre roi est encore loin, il lui envoie une ambassade pour demander la paix.

Ainsi donc, quiconque d'entre vous ne renonce pas à tout ce qu'il possède ne peut être mon disciple.


Dès le début de l’évangile, Luc insiste sur le fait que le salut est pleinement donné « aujourd’hui » (2 :11 ; 3 :22 ; 4 :21). Jésus se présente comme le sauveur des pauvres et des malheureux (4 :18-21). La portée du message de Jésus pour le temps de l’Eglise est constante. Son enseignement est une règle pour chaque jour. L’évangéliste insiste sur la conversion initiale (5 :32), sur la foi (1 :20-45), sur la prière (11 :1-13) à l’exemple de Jésus. Les exigences du Seigneur sont toujours intenses (5 :11-28 ; 14 :25-33) en particulier en ce qui concerne le renoncement à la famille, aux richesses.

 

Notre texte se situe dans le récit de la montée de Jésus à Jérusalem où il enseigne à la foule qui le suit qu’est-ce qu’il faut suivre en réalité, à part le suivre physiquement et où il prépare donc les gens à son « absence » future, bien qu’ils n’en sachent rien encore : il leur faut renoncer à des choses qui leur tiennent à cœur.

D’où les trois points que je développerai :

1° Renoncer à quoi finalement ?

2° Etre chrétien, c’est-à-dire ?

3° Porter quelle croix ?

 

Ce texte de prime abord fait peur car il parle de façon drastique de renoncement, de sacrifice, du moins dans les versets 26-27. « Si quelqu’un vient à moi et ne déteste pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Et quiconque ne porte pas sa croix pour venir à ma suite ne peut être mon disciple »

On parle de « détester » sa famille alors qu’on nous demande par ailleurs de prêcher l’amour à son prochain. On parle de porter sa croix alors que ne nous a-t-on pas allégué que le Christ a porté une bonne fois pour toutes la croix pour nous ?

Et suis-je là pour faire un procès ou un jugement de valeur, aller dans le sens littéraire et premier de ce texte pour alléguer à mes contemporains la façon dont ils doivent être chrétiens, suivre Jésus. Ce texte est indisposant, dérangeant tout simplement parce qu’il énonce des vérités que l’on se cache à soi-même, qu’on ignore ou qu’on veut ignorer en toute conscience. Et en cela ce texte et ces paroles nous libèrent.

 

Renoncer à quoi finalement ?

Qu’est-ce qu’on a de plus cher ? auquel on est le plus attaché ? famille (enfant, père, mère, frère, sœur : chacun y met son degré d’importance), nos idéaux ce que nous pensons être bien pour notre vie, vers ce quoi on tend pour être heureux et que finalement on n’atteint pas toujours. Et nous luttons pour les atteindre, nous souffrons de ne pouvoir les atteindre si tel est le cas. Qu’est-ce qui nous est cher également : nos acquis personnels qu’ils soient matériels en terme de biens ou entrant dans d’autres catégories : intelligence, talents, facultés diverses. Et si nous restons toujours dans ce sens premier d’être attaché : autant nous sommes attachés à nos biens et acquis personnels, autant nous sommes aliénés dans la crainte de les perdre. Nous ne nous en rendons pas compte mais c’est finalement à nos craintes que nous nous agrippons le plus. Celui qui est parent craint pour son enfant, celui qui a du travail a peur de le perdre, celui qui a de l’argent a peur de ne plus en avoir, celui qui est en bonne santé a peur de devenir dépendant, celui qui est performant a peur de ne plus l’être. Bref, au bout du compte, nous nous agrippons à ces craintes et elles nous sont chères car elles font partie de notre vie, de nos quotidiens, elles sont une partie de nous-mêmes, font partie intégrantes de nos acquis personnels, de notre environnement personnel et intime. Nous les chérissons, nous les entretenons. Il nous est difficile de nous en départir de la même façon qu’il est parfois difficile de supporter le silence à force d’être immergé dans le bruit, difficile de se retrouver désoccupé à force de courir à gauche et à droite. Désoccupé : Qui a cessé d'être soumis à une activité préoccupante ou accaparante. (Quasi-)synon. Libre dans le sens que lui donnait Stendhal. Oui, il nous est difficile de nous détacher de nos soucis et inquiétudes intrinsèques de la même façon qu’il nous est difficile de nous détacher de nos familles ou renier nos liens familiaux. Me direz-vous l’analogie, le rapprochement est un peu facile, je dirai que ce qui est difficile plutôt c’est l’admettre.

Jésus parle de le préférer à sa famille, car c’est-ce qui représente humainement parlant de plus profond, de plus intime. Les valeurs changent, ce à quoi on s’attache évolue également. Mais que ce soit famille, ou autres valeurs qui nous aliènent, Jésus veut montrer que rien de cela n’est la base de la vraie vie si on veut être son disciple. En cela Il nous libère de ces préoccupations et nous rend libres et libérés car Il nous ouvre une autre voie.

 

Etre chrétien, c’est-à-dire ?

 

Car le tout n’est pas d’avoir une famille et de s’y attacher, c’est ce qu’on en fait de cette relation et de cet attachement. Le tout n’est pas de s’attacher à ses acquis, c’est la façon dont on vit de ses acquis dans leur environnement immédiat et périphérique et en quoi cela peut bénéficier le monde autour de soi. Devenir et être son disciple n’est pas répondre à une simple appellation, une simple  dénomination, cela mérite un temps de réflexion. C’est ce qu’il veut démontrer en donnant les exemples qui suivent : « En effet, lequel d’entre vous, quand il veut bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et juger s’il a de quoi aller jusqu’au bout (v.28) etc …

 

Le temps de réflexion : un moment important dans sa vie pour bien comprendre vers quoi on veut aller, quel sens donner à sa vie, sur quelle base bâtir sa vie. Sur quels fondements de pensée, d’attitude et d’action en tant que chrétien. Etre chrétien, suivre le Christ : certes c’est une dénomination en soi mais elle va beaucoup plus loin, bien au-delà de sa définition nominale. L’enseignement de Jésus est une réflexion pour soi   pour chaque jour, un retour sur soi. Une conversion, c’est toujours un peu tous les jours. Car accepter que Jésus soit maître de sa vie, une vie guidée, soutenue par la foi et animée dans la prière, ce n’est pas un acquis et cela n’est pas acquis une bonne fois pour toutes. Bâtir notre vie en Christ, c’est nous poser les fondamentaux même de ce que cela signifie, et penser à ces fondamentaux. Etre chrétien : renoncer à tout pour suivre Jésus nous inspire le texte. Conversion : changement « radical » dans notre comportement, façon de penser et d’agir, renoncer à nous-même et à l’environnement que nous nous sommes créé, que nous avons nous-mêmes façonné à notre image.

Nous pouvons le constater pour nous-mêmes : combien de fois dans la journée pensons-nous : « ah ! je suis heureux, je suis heureuse parce que j’ai ma famille », à quel moment avons-nous une pensée heureuse pour elle et lui montrons notre attachement sans que cela ait le sens du devoir et de l’obligation, que le « je vais le faire » prend plus le pas sur le « je dois le faire ». A quel moment de notre journée nous sentons-nous vivre, sentir les frémissements de la vie, de la joie, de la satisfaction de nous sentir aimé et d’être enfant de Dieu. Le devoir, les obligations, les soucis nous appellent toujours par ailleurs. Nous y sommes attachés volontairement ou malgré nous comme je l’évoquais précédemment. Et je n’émets aucun jugement de valeur là-dessus, chacun a sa propre réalité. J’ai la mienne, vous avez la vôtre. Mais c’est justement pour cela qu’un temps de pause nous est nécessaire pour mettre de l’ordre dans tout cela. Comment allons-nous occuper notre temps et notre espace de vie.

Faire le bilan de sa journée et se poser la question : « Ai-je vécu selon le Christ, dans sa Paix. Ai-je été heureux, joyeux d’avoir fait ce que j’avais à faire ? » Etre chrétien a ses exigences. C’est renoncer à nous agripper à nos soucis, à notre vouloir propre de tout faire par nous-mêmes, sans lui laisser de la place dans notre quotidien. On dira « oh, c’est bien beau de vouloir être heureux, d’être joyeux mais quand on n’a rien (rien, c’est déjà relatif), quand on n’a pas de travail, ou quand on a un travail mais ingrat, quand on a des soucis de santé etc … c’est un fait. Mais quand Jésus dit renoncer à « tout » : le « tout » englobe « le tout ». Les joies éphémères artificielles comme les pensées négatives et pessimistes. Le suivre : c’est ressentir cette joie profonde qui monte de l’intérieur et non dépendante de notre monde extérieur, c’est nous remettre entre ses mains, croire jusqu’au bout et fermement qu’Il est venu pour nous, qu’Il est là pour nous, au-delà de ce que nous vivons. C’est cela le christianisme : renoncer à ce que nous avons façonné pour nous-mêmes, par nous-mêmes, être libres et être libérés tout simplement parce que Jésus est maître de notre vie. Et pourtant paradoxalement, Jésus invite chacun à porter sa croix.

 

Porter quelle croix ?

 

Le renoncement est toujours une douleur, bien souvent difficile à accepter et à assumer quelle qu’en soit la nature. Et c’est le refus à ce renoncement qui vient encore alourdir la croix que l’on porte déjà tous les jours. Car déjà la vie nous pèse quelquefois, nous avançons péniblement quelquefois, souvent insatisfaits, malheureux quelque part. La sagesse en ce sens nous fait défaut. Comme disent les versets 33-35 du chap. 8 du Proverbe : « Ecoutez l’instruction, et devenez sages, n’en faites pas peu de cas. Heureux celui qui m’écoute, qui veille jour après jour à mon seuil, qui monte la garde près des montants de mes portes ! Car celui qui me trouve trouve la vie et obtient la faveur du Seigneur ». Si on avait cette sagesse de prise de conscience de nous défaire de tout ce qui nous entrave, être dans le discernement face à nos envies et désirs. Nous aurions pleinement la liberté que Jésus nous a promise, une dé-préoccupation de nous-mêmes, des doutes, des peurs pour avancer sereinement dans la vie avec la ferme assurance de la foi en son amour. Etre dans le renoncement de ce qui nous est cher peut nous sembler être un sacrifice mais le joug en est léger car Jésus est venu nous en libérer « Venez à moi vous qui êtes fatigués car c’est moi qui vous donnerai du repos. Je vous donne la Paix, ma Paix. Ne vous inquiétez de rien, mais en toute chose, faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâce. Et la Paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus Christ (Philippiens 4 :6-7).

Oui, le renoncement nous rend libres et libérés.

Amen

 

 


Retour vers "libres opinions"
Vos commentaires et réactions

.

haut de la page

.

 

Les internautes qui souhaitent être directement informés des nouveautés publiées sur ce site
peuvent envoyer un e-mail à l'adresse que voici : gilles@castelnau.eu
Il ne s'agit pas du réseau Linkedin auquel nous ne sommes pas rattachés.
Ils recevront alors, deux fois par mois, le lien « nouveautés »
Ce service est gratuit. Les adresses e-mail ne seront jamais communiquées à quiconque