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Libre opinion
J'ai un grain
pasteur Luc Wenger
ICANS
Institut de Cancérologie Strasbourg
texte paru dans Le
Nouveau Messager
« Regard chrétien » le 27 juin 2021
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27 juin 2021
Nous avons pris l'habitude de
vivre sans trop nous poser de questions.
Nous avons pris l'habitude de voir la terre sans
la contempler. Nous avons l'habitude que la nuit
succède au jour. Nous avons l’habitude de lire
notre journal le matin au petit déjeuner. Nous
avons l'habitude que les jours passent et se
suivent. Nous avons tout reçu et d'habitude tout
nous paraît normal. Et puis un jour un grain de
sable vient enrayer cette habitude et tout
s’effondre. L’annonce d’une maladie, celle d’une
mort brutale dans le cercle familial ou amical ;
et voilà que nos rituels se lézardent et que dans
cette fissure s’immisce toute sortes d’émotions,
du doute à la colère ; de la violence aux larmes
J’aime bien ce petit grain de sable qui à chaque
fois qu’il crisse sous la semelle de mes
routines m’invite à me rappeler que mon temps
s’écoule comme les grains dans le sablier.
Symbole par excellence du temps de la naissance
vers la mort, le sablier ramène à une réalité
essentielle : la gestion permanente du relatif,
du temps de toute existence, qui se déroule dans
une durée relativement courte entre le berceau
et la tombe.
Aujourd’hui, dans cette société qui se fracture,
mon sablier existentiel me rappelle qu’il est
plus tard que je ne crois, mais pas trop tard.
Il reste, fort heureusement, des grains de sable
d’espérance, d’équité, de fraternité et de de
paix.
Et tout commence par le petit grain de la
paix de l’esprit.
La paix dans la vie de chacun signifie beaucoup
plus que le conflit zéro, qui relève d’une
utopie. Elle est le socle d’une véritable
philosophie sur lequel tout le reste repose, une
manière d’être qui assure notre quiétude
d’esprit au même titre que l’harmonie dans nos
entourages : famille, milieu professionnel,
environnement social, écologie, politique.
Tant de bruits, de contrariétés autour de nous
menacent chaque jour d’anéantir nos meilleures
intentions. Nous sommes à des degrés divers
soumis à des pressions et des lassitudes
tous azimuts qui mettent à mal notre sérénité,
d’où précisément le besoin de construction en
soi d’une forme de résistance active aux
agressions du dehors.
Et ce petit grain de paix, est presque aussi un
grain de folie qui me pousse à une non-violence
intérieure ; un mode de vie en soi, une
spiritualité à part entière, sans forcément de
dénomination religieuse particulière mais qui se
fonde sur cette règle d’or commue à tous : « Ne
fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas
qu'on te fasse ». Et de petit grain en petit
grain va germer ma sérénité, une sérénité
contagieuse.
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