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Libre opinion
Le temps du Bonheur... ?
pasteur Luc Wenger
ICANS
Institut de Cancérologie Strasbourg
9 décembre 2020
J’ai récemment observé ma petite fille en train de dessiner, calme, détendue, contente et concentrée sur ce qu’elle faisait. Elle était totalement présente dans son dessin, absorbée par les cœurs, le soleil et les bonhommes qu’elle dessinait. Et après cet instant d’intense création, son sourire s’est encore élargi et elle m’a offert son dessin : tiens c’est pour toi.
Au milieu de ces temps si particuliers entre le virus des violences de toutes sortes physiques ou verbales qui ne cesse de creuser un fossé entre les humains ; et celui de la Covid et ses mesures souvent mal perçues et vécues, je n’ai pu m’empêcher d’y voir une leçon de vie. Reste la question : il est où le bonheur ? Le bonheur existe à condition toutefois de comprendre de quoi il est fait.
Adultes que nous sommes, nous plaçons le curseur du bonheur dans la fête, le paraître, la consommation. Nous avons perdu cette capacité de vivre aussi intensément le présent que ma petite fille en train de dessiner. Nous n’avons plus cette tranquillité d’esprit, préoccupés que nous sommes soit par le passé, lourd comme une pierre de regrets ou de culpabilités que nous traînons ; soit paralysés face à l’avenir plombés par la pierre de la peur. Dans les deux cas nous sommes incapables d’apprécier ce que le moment que nous vivons nous dispense… peut-être une pierre d’achoppement, mais à moi de la travailler et de la tailler avec mon cœur. Il ne m’est pas demandé d’en faire une sculpture à la Michel Ange, mais d’en arrondir les angles pour qu’elle puisse être doucement roulée comme celle de l’aube de Pâques.
Vivre dans le présent c’est rouler ma pierre brute et ouvrir ma conscience plutôt que de la restreindre. À chaque instant, le choix m’est offert de vivre vraiment, de m’enrichir, de me laisser toucher, émouvoir ; et d’agir en harmonie avec moi-même.
La façon dont nous pensons joue un rôle déterminant sur notre estime de nous-même. Je suis ce que je pense ! Si mon discours intérieur face à moi-même et aux autres est négatif, culpabilisant et vindicatif, mon estime de moi-même sera faible... ou inexistante et mon regard sur les autres froid et distant. C’est sans doute aussi ce que voulait dire le Christ « tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
La beauté des couleurs automnales de la forêt, la grâce d’un sourire, les mots tendres de l’être aimé... ces plaisirs simples peuvent faire le bonheur d’une vie ; faire naître non pas un sourire béat, mais une sérénité contagieuse. Tiens ce sourire est pour toi, spontané et désintéressé comme le dessin m’a été offert.
Ni ordonnance, ni décret, cessons d’attendre que le bonheur nous arrive ; apprécions ce que nous avons déjà ; une vie riche de possibilités.
Être heureux est une décision que nous pouvons tous prendre un jour dans notre vie, et si c’était en ce jour ?
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