Libre opinion
Violences policières
Denis Monod-Broca
Publié dans le « Courrier » de l'hebdomadaire protestant Réforme
du 6 décembvre 2020
7 décembre 2020
Michel Zecler a été victime d'une sorte de lynchage, de la part d'un groupe unanime de policiers furieux, tous également convaincus apparemment de sa culpabilité. Eux-mêmes sont à leur tour victimes d'une sorte de lynchage, de la part de nous Français, rendus furieux par les images de la caméra de surveillance, tous unanimement (ou presque) convaincus de leur culpabilité, y compris Emmanuel Macron qui a tenu à dire sa « honte ».
Le mécanisme est vieux comme le monde. L’épisode biblique de la femme adultère le met en évidence. Il se dit en quelque mots : un coupable est montré du doigt, la foule en fait sa victime ; sans pitié ni merci.
Son crime peut être grave, ou trois fois rien, un signe suffit.
Signe victimaire pour Zecler : sa couleur de peau.
Signe victimaire pour, les policiers : leur uniforme, leur qualité de policier.
Heureusement Michel Zecler a été emmené au commissariat et le lynchage n'est pas allé à son terme ; heureusement les policiers ont été mis en garde-à-vue et leur lynchage reste virtuel, mais dans les deux cas le mécanisme est bien là.
Et il l'est en de nombreuses occasions, qu'elles fassent la une de l’actualité ou qu'elles restent inconnues du grand public.
Comment s'en protéger ? Le climat est délétère, plus personne ne fait confiance à personne, chacun se cherche des coupables, les sentiments d'injustice, d'envie, de colère se donnent libre cours.
Seule voie de sortie et d'espoir : la parole. Croyons en la parole ! Elle seule, par les principes qu'elle permet d'exprimer par les lois et règles qu'elle permet d'édicter, par les débats qu'elle permet d'avoir, par les connaissances qu'elle permet d'acquérir, peut contenir la violence. À condition d'avoir foi en elle. Faute de quoi nous irons de lynchage en lynchage...
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