Libre opinion
La venue du Roi de paix
Zacharie 9.9-10
pasteur René
Lamey
Église protestante d’Alsace et de Lorraine
Labroque-Schirmeck
2 décembre 2020
Zacharie 9.9-10
Tressaille d’allégresse, ô communauté de Sion !
Pousse des cris de joie, ô communauté de Jérusalem !
Pousse des cris de joie, ô communauté de Jérusalem !
Car ton roi vient vers toi,
il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse.
Je ferai disparaître du pays d’Ephraïm tous les chariots de guerre
et de Jérusalem, les chevaux de combat ;
l’arc dea guerre sera brisé.
Ce roi établira la paix parmi les peuples,
sa domination s’étendra d’une mer jusqu’à l’autre
et depuis le grand fleuve jusqu’aux confins du monde.
Quand on parle des prophètes de l’Ancien Testament, on les imagine souvent en train de tempêter sur le fautes du peuple, de critiquer vertement la façon de gouverner des rois, de juger la malhonnêteté des juges et de maudire l’idolâtrie des prêtres. Effectivement, les prophètes ne sont pas toujours tendre, ni avec le peuple d’Israël, ni avec les autres peuples.
Ce n’est pas le cas avec le prophète Zacharie qui, lui, annonce plein de bonne choses, qui transmet un message de paix et d’espérance.
Ce message du prophète Zacharie est beau et encourageant !
Et ça tombe bien, car le peuple d’Israël avait besoin d’être encouragé, d’être stimulé, d’être poussé en avant !
Le peuple avait connu des années très difficiles. Il y a 70 ans en arrière, après quelques terribles batailles qui ont fait des milliers de morts, hommes, femmes et enfants, le peuple d’Israël a été emmené en captivité à Babylone. Le temple, symbole de la foi d’Israël, a été brûlé. Leur capitale, Jérusalem, symbole de l’unité d’Israël, a été rasée. Il ne reste pas une pierre sur l’autre.
Vaincu, humilié, désorienté, déraciné, le peuple subit l’esclavage à Babylone, ville étrangère, ville païenne, ville idolâtre.
Beaucoup ont perdu la foi : Dieu ne nous a pas protégé, il ne nous a pas donné la victoire, Dieu nous a abandonné, les dieux babyloniens sont plus puissants que le nôtre.
Nous avons perdu notre foi, notre pays, notre culture, nos traditions. Nous ne sommes plus rien, nous n’existons plus.
... Les années passent, une bonne partie du peuple d’Israël se fond dans la société, dans la culture et les croyances des Babyloniens : ils adoptent la façon de penser, de s’habiller et de vivre babylonienne, ils se conforment aux habitudes et aux traditions de Babylone, ils offrent un culte aux dieux de Babylone.
Soixante-dix ans d’exil, 70 ans de souffrance morale pour ceux qui malgré tout ont gardé la foi, 70 ans de regrets, 70 ans pour réfléchir aux erreurs du passé. Soixante-dix ans, ce sont deux générations qui se succèdent.
Plus le temps passe, plus on oublie, plus on perd espérance.
Et puis miracle, au bout de ces 70 ans d’exil, le roi de Babylone libère le peuple d’Israël: c’est le retour de l’exil, le retour sur la terre des ancêtres, une terre dévastée, envahie par les mauvaises herbes, par les chacals, les serpents, et par quelques tribus étrangères qui se sont installées là et avec lesquelles il va falloir négocier ou se battre.
Une terre dévastée qu’il faudra reconquérir, une capitale, Jérusalem, qu’il va falloir rebâtir, un Temple, une foi, qu’il faudra reconstruire et affermir.
Les sentiments des revenants de l’exil sont assez mitigés. La foi est faible, il n’y a pas beaucoup d’énergie dans les cœurs. Une certaine tristesse plombe le moral.
Et c’est là, à ce moment que s’élève la belle et forte voix de Zacharie :
Tressaille d’allégresse, ô communauté de Sion !
Car ton roi vient vers toi,
il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse.
Je ferai disparaître du pays d’Ephraïm tous les chariots de guerre
et, de Jérusalem, les chevaux de combat ;
l’arc de guerre sera brisé.
Ce roi établira la paix parmi les peuples.
Oui, peuple d’Israël, vous avez un grand sujet de joie et d’espérance : un roi viendra vers toi !
Mais attention, ce n’est pas un roi comme un autre ! Il n’est pas pareil à ces rois qui ne pensent qu’à eux, qui ne cherchent que le pouvoir et la domination, que la richesse et le luxe, que la gloire et les honneurs.
Le roi annoncé par Zacharie est un roi qui exercera la vraie justice, c’est un roi victorieux ! Oui, mais ce n’est pas la victoire des armes, ce n’est pas la victoire des arcs, des chariots de guerre et des chevaux de combats.
C’est une victoire « à l’envers », une victoire par le bas, une victoire par l’humilité, une victoire par la douceur. Il n’entrera pas dans Jérusalem sur un cheval de combat, une épée flamboyante à la main, non, il pénétrera dans la ville sainte, assis sur un ânon, le petit d’une ânesse !
Quel renversement des valeurs ! A la place de la puissance et de l’orgueil, voici l’humilité, à la place de la domination par l’épée et la mort, voici la paix et la vie !
Et c’est sur cette humilité, c’est sur la paix qu’il vous faudra, vous, peuple d’Israël, vous les peuples de la terre, reconstruire le temple, la capitale et tout le pays.
C’est sur l’humilité, la simplicité, la paix, l’amour, la patience, l’indulgence, la compassion qu’il faut construire notre vie…
... Beaucoup d’années ont encore dû s’écouler avant que vienne ce roi humble, monté sur un ânon, le petit d’une ânesse...
Et il n’est pas sûr que le peuple ait bien compris le message. Ni le message de Zacharie, ni celui de l’homme qui est entré à Jérusalem assis sur l’ânon, cet homme, Jésus, qui s’est pleinement identifié au roi annoncé par Zacharie, un roi humble, un roi qui est venu – et qui vient aujourd’hui chez nous – pour établir la paix entre les hommes.
Qu’aujourd’hui sa paix vienne dans nos cœurs.
Que sa paix nous accompagne dans ce temps de l’Avent et de Noël très différents des autres années, que sa paix nous rassure, nous console et nous encourage.
Que sa paix nous garde sereins et confiants dans ces temps troublés qui nous font peut-être peur.
Que sa paix soit notre joie et notre lumière ; qu’elle éclaire notre âme et notre vie !
Amen !
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