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L’épopée de Gilgamesh


traduit et adapté par Abed Azrié
préface de Hubert Haddad

 

Ed. Albin Michel
192 pages – 7,20 €

 

 

recension Gilles Castelnau


18 février 2019

L’épopée de Gilgamesh est un texte sumérien et babylonien extrêmement ancien qui a connu quantité d’éditions successives. Le texte qui est traduit et publié ici date de la fin du 2e millénaire avant JC.

Gilgamesh héros semi divin voit périr avec tristesse son ami Enkidou et part en quête de la plante d’immortalité.
Il rencontre Outa-Napishtim (que la Bible appellera Noé). Celui-ci a échappé au déluge en construisant une arche. Il indique à Gilgamesh la manière de saisir la plante d’immortalité. Celui-ci y parvient mais par étourderie se la fait voler par le serpent.

Le récit biblique de la Genèse, écrit longtemps après au 6e siècle av. JC, en est une reprise par les rabbins juifs en accord avec la théologie hébraïque.
Ceux-ci ont réécrit le récit du déluge et de l’arche salvatrice. Ils ont repris l’idée de la plante d’immortalité sous forme de l’arbre de vie qui pousse en Eden dont l’homme et la femme sont privés à cause de leur désobéissance (et non d’une étourderie). Ils ont aussi donné un rôle différent au serpent.

Voici quelques passages de cette – magnifique - traduction.

.


GILGAMESH

Dieu et homme

 

Après que Gilgamesh eut été créé
par les grands dieux
Shamash lui accorda la beauté
et Adad la vaillance.
Pour deux tiers il est dieu
pour un tiers il est homme.
Il est semblable à un taureau sauvage
sa force est incomparable
ses armes sont invincibles.
Aux battements du tambour son peuple est attentif.
En leurs maisons les gens d'Ourouk
vivent sans cesse dans la crainte.

___________

Shamash, dieu-soleil.
Adad, dieu du tonnerre, de la tempête et de la pluie.

 


LA FEMME

L'initiatrice

 

La courtisane enlève ses vêtements
dévoile ses seins, dévoile sa nudité
et Enkidou se réjouit des charmes de son corps.
Elle ne se dérobe pas, elle provoque
en lui le désir.
Elle enlève ses vêtements
et lui Enkidou tombe sur elle.
Elle apprend à cet homme sauvage et innocent
ce que la femme enseigne.
Il la possède et s'attache à elle.
Six jours et sept nuits Enkidou sans cesse
possède la courtisane.
Lorsqu'il est rassasié de ses charmes
il lève son regard vers ses compagnons
mais en le voyant les gazelles se détournent de lui
et les bêtes sauvages le fuient.
Enkidou est sans force,
ses genoux le trahissent
lorsqu'il veut suivre sa harde.
Affaibli, il ne peut plus courir comme autrefois
mais son cœur et son esprit sont épanouis.

 

 

ISHTAR

L'amour

Gilgamesh nettoie ses armes
il enlève ses vêtements souillés
il délie et lave sa longue chevelure
qu'il rejette sur ses épaules
se revêt d'une robe brodée et d'une ceinture.
Lorsqu'il met sa couronne
la souveraine Ishtar lève les yeux
et considère la beauté de Gilgamesh

« Viens, Gilgamesh, sois mon bien-aimé.
Laisse-moi me réjouir
du fruit de ton corps,
sois mon époux et je serai ton épouse.
Je te donnerai un char de lapis-lazuli et d'or,
ses roues seront en or et ses cornes en elmeshou
et au lieu de grands mulets
tu l'attelleras des démons de la tempête.
Lorsque tu entreras dans notre maison
embaumée de parfum de cèdre
seuil et trône baiseront tes pieds
les rois, les gouverneurs et les princes
se prosterneront devant toi
et t'apporteront en tribut
les fruits de la montagne et les récoltes
de la plaine.
Tes chèvres donneront trois petits
tes brebis des jumeaux
tes ânes porteront plus de charge
que des mulets
les chevaux de tes chars
n'auront pas de rivaux à la course
ton bœuf sous le joug n'aura pas d'égal. »

__________________

Elmeshou : mot babylonien qui désigne l'alliage de
deux métaux tels que le cuivre et l'étain, l'argent et l'or
Certains chercheurs assimilent l'elmeshou à l'ambre.

 

 


SONGES ET MORT D’ENKIDOU

[...]
Enkidou ne lève plus les yeux
Gilgamesh lui touche le cœur
son cœur ne bat plus.
Alors comme une fiancée
il couvre le visage de son ami
comme un lion il rugit autour de lui
il va et vient en regardant Enkidou
comme une lionne à qui on a enlevé ses petits.
I1 arrache ses cheveux et les jette à terre
il déchire ses beaux vêtements
et les rejette comme un sacrilège
Au premier rai de lumière à l'aube
Gilgamesh se lève et fait appel
aux artisans de la ville :

« Ciseleurs, orfèvres, lapidaires,
faites une statue de mon ami. »

Gilgamesh fait sculpter pour Enkidou
une statue dont la poitrine est en lapis-lazuli
et le corps en or
il se lamente et pleure sur son ami.

 

 


L'HUMAINE CONDITION

Sidouri dit à Gilgamesh :

« Où vas-tu Gilgamesh ?
La vie que tu cherches
tu ne la trouveras pas.
Lorsque les grands dieux créèrent les hommes,
c'est la mort qu'ils leur destinèrent
et ils ont gardé pour eux la vie éternelle,
mais toi Gilgamesh
que sans cesse ton ventre soit repu
sois joyeux nuit et jour
danse et joue
fais chaque jour de ta vie
une fête de joie et de plaisirs
que tes vêtements soient propres et somptueux
lave ta tête et baigne-toi
flatte l'enfant qui te tient par la main
réjouis l'épouse qui est dans tes bras.
Voilà les seuls droits que possèdent
les hommes. »

 

Remarque de Gilles Castelnau
Beaucoup plus tard, au 4e siècle av. JC, l’Ecclésiaste (Qohêlêt) écrira :

Va, mange avec joie ton pain, et bois gaiement ton vin ;
car dès longtemps Dieu prend plaisir à ce que tu fais.
Qu'en tout temps tes vêtements soient blancs,
et que l'huile ne manque point sur ta tête.
Jouis de la vie avec la femme que tu aimes,
pendant tous les jours de ta vaine existence
que Dieu t'a donnés sous le soleil,
pendant tous tes jours vains
car c'est ta part dans la vie,
et dans le travail que tu fais sous le soleil.
(9.7-8)

 

 


LE DÉLUGE
La plante d’immortalité


Les tempêtes du vent du sud
se déchaînèrent tout un jour
elles se déchaînèrent et s'amplifièrent
elles couvraient même les sommets
des montagnes
et massacraient les gens.
Comme dans une grande cohue
le frère ne voyait plus son frère
les gens ne se distinguaient plus du ciel
les dieux mêmes s'épouvantaient
de la clameur de ce déluge.
Ils s'enfuyaient devant eux
et montaient sur les plus hauts
des cieux d'Anou,
vers le septième ciel.
Les dieux rampaient,
accroupis comme des chiens
hors du monde.
Ishtar criait
comme une femme qui enfante
la Dame des dieux gémissait
elle pleurait de sa sublime voix et se lamentait :
« Quelle désolation
voici les premiers jours redevenus argile
parce que j'ai prononcé le mal
dans l'assemblée des dieux
que m'est-il arrivé pour prononcer ce mal ?
J'ai accepté la destruction de mes créatures
moi qui les ai engendrées
maintenant elles remplissent les flots
comme des œufs de poisson. »
Avec elle, les dieux Anounnaki pleuraient
oui, les dieux accablés se lamentaient
et leurs lèvres se desséchaient.
Six jours et sept nuits passèrent
les tempêtes du déluge soufflaient encore
les tempêtes du sud couvraient le pays.
Le septième jour
les tempêtes du déluge
qui telle une armée
avaient tout massacré sur leur passage
diminuèrent d'intensité
la mer se calma
le vent s'apaisa
la clameur du déluge se tut.

Je regardais le ciel, le silence régnait.
Je vis les hommes redevenus argile
les eaux étales formaient un toit.
J'ouvris une petite fenêtre
la lumière tomba sur mon visage
je m'agenouillai
et me mis à pleurer
les larmes coulaient le long de mon visage
[...]

Lorsque arriva le septième jour
je lâchai une colombe,
la colombe prit son vol
n'ayant pas trouvé où se poser
elle revint.
Je lâchai l'hirondelle
l'hirondelle prit son vol
n'ayant pas trouvé où se poser
elle revint.
Puis je lâchai un corbeau
le corbeau prit son vol
lorsqu'il vit les eaux se retirer
ayant trouvé de la nourriture
il se posa et ne revint plus.
Alors je lâchai
tout ce que le bateau contenait
aux quatre vents.
Je fis une offrande
je versai de l'eau consacrée
sur le sommet de la montagne
je dressai sept et sept récipients rituels
sous lesquels j'entassai
des roseaux, du bois de cèdre
et de la myrte.
Les dieux en respirèrent la senteur
oui, les dieux en respirèrent le parfum
les dieux se rassemblèrent autour des offrandes
comme des mouches.
[...]

Outa-Napishtim dit :

« Gilgamesh tu es venu jusqu'ici
tu as enduré peines et souffrances
que puis-je te donner
pour le retour dans ton pays ?
Gilgamesh, je vais te dévoiler
une chose cachée
oui je vais te dévoiler
un secret des dieux :
il existe une plante comme l'épine
elle pousse au fond des eaux
son épine te piquera les mains
comme fait la rose
si tes mains arrachent cette plante
tu trouveras la vie nouvelle. »

Lorsque Gilgamesh entend ces paroles
il ouvre le conduit
qui rejoint les eaux profondes
il attache de lourdes pierres à ses pieds
et descend au fond des eaux
où il voit la plante.
Il prend la plante qui lui pique les mains
il délie les lourdes pierres de ses pieds
il sort du fond de la mer, sur le rivage.

Gilgamesh dit à Our-Shanabi le batelier :

« Our-Shanabi
cette plante est une plante merveilleuse
l'homme avec elle peut retrouver
la force de la vie
je vais l'emporter avec moi
à Ourouk aux remparts.
Je la partagerai avec les gens
leur en ferai manger
son nom sera :
"le vieillard retrouvant sa jeunesse".
Moi-même j'en mangerai à la fin de mes jours
pour que ma jeunesse me revienne. »

Après vingt doubles heures
ils prirent un peu de nourriture
après trente doubles heures
ils s'arrêtèrent pour dormir.
Gilgamesh voit un puits d'eau fraîche
il descend pour se baigner
un serpent sent l'odeur de la plante
il se glisse, dérobe la plante
et à l'instant perd sa vieille peau.
Gilgamesh s'assoit et pleure
les larmes coulent sur ses joues
à Our-Shanabi le batelier il dit :

« Pour qui, Our-Shanabi,
mes mains sont-elles devenues sans force ?
Pour qui ai-je versé le sang de mon cœur ?
Je n'ai fait aucun bien pour moi-même
mais pour le serpent, lion de terre
j'ai fait le bien ! »

_________________

Le serpent a pu, grâce à cette plante, renouveler sa jeunesse en quittant sa vieille peau chaque année. A partir de ce mythe il fut considéré par la tradition comme le symbole de la régénérescence.

 

 


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