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Deux déclarations
à la veille des présidentielles
l'une catholique, l'autre protestante
reflètent deux conceptions
de l'Église

Jacques Musset

catholique libéral 


 


14 février 2022


1. La déclaration catholique s’intitulant « L’espérance ne déçoit pas » a été rédigée par les 19 évêques du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France et elle s’adresse en priorité aux catholiques de France et indirectement aux candidats à la présidentielle. La déclaration   protestante, provenant de la Fédération Protestante de France ( FPF) sous forme de 10 questions posées directement aux candidats à la présidentielle, a été rédigée par un certain nombre d’acteurs protestants compétents dans les diverses questions abordées.

 

On voit déjà la différence. Celle venant des évêques est un texte qui se veut éducatif pour les fidèles catholiques, au nom même de la conception qu’ont les évêques d’avoir été mandatés par Jésus pour conduire le peuple des fidèles. Ils sont convaincus en effet, selon une lecture littérale de textes évangéliques, d’avoir reçu de lui la mission de gouverner et d’instruire les laïcs de la foi et de la morale authentiques et de l’actualiser au long des siècles dans les conditions historiques toujours nouvelles. En conséquence, ils se sentent la responsabilité d’éclairer les consciences des baptisés et de les amener à faire les bons choix,  donc à être attentifs aux conseils de leurs pasteurs pour les mettre en pratique. Dans certains cas qui n’engagent pas le dogme et la morale catholique, ils ont une liberté de choix ; dans les autres, ils n’ont pas à se poser de questions, car ce qui est prescrit par les évêques relève selon ces derniers de la morale naturelle instituée par Dieu.

 

La déclaration de la FPF n’a pas du tout le même statut. Il ne s’agit pas d’un texte qui prétend relever d’une expertise liée à un pouvoir de discernement confié par Jésus à une hiérarchie religieuse, car, pour les protestants, Jésus qui n’a pas fondé d’Église n’a pas non plus institué une hiérarchie masculine pour diriger la communauté de ses disciples (l’exégèse des évangiles le démontre). Celle-ci s’autogère démocratiquement à l’intérieur de diverses instances dont les membres et les responsables sont élus. Les dix adresses aux prétendants à l’Elysée sont proposées par les instances de la FPF mais rédigées par des chrétiens protestants en situation de responsabilités dans divers secteurs de la vie politique, sociale, religieuse, éducative, et rédigées par l’un ou l’une d’entre eux. Leurs références,  ce sont à la fois l’analyse qu’ils font des différentes situations critiques dans la France actuelle et la parole biblique et évangélique comme source d’inspiration pour les évaluer, les critiquer, afin de suggérer des voies de changements en vue du bien commun et de la justice pour tous, notamment vis-à-vis de ceux et de celles qui sont oubliés.

 

2.  De la comparaison faite entre les deux textes, on peut s’interroger sur la cohérence et la portée de chacun d’eux en fonction de l’identité de leurs auteurs et de leurs intentions.

 

Du côté des protestants, leurs questionnements élaborées dans leurs diverses instances communautaires composées d’hommes et de femmes, de pasteurs et de simples chrétiens, sont représentatifs de ce que pense globalement la famille protestante française regroupée dans la Fédération Protestante de France. Par ailleurs, les 10 adresses, ont comme thèmes : Laïcité et la place des religions ; autonomie et handicap ; pauvreté ; Europe et justice sociale ; écologie et justice climatique ; égalité femmes-hommes ; exil et accueil des réfugiés ; racisme et xénophobie ; solidarité internationale ; jeunesse et éducation, et mettent ainsi les projecteurs sur les situations les plus préoccupantes du moment, en les décrivant et, pour chaque thème, en formulant des propositions concrètes pour y remédier. Ces dix adresses présentées de cette façon peuvent avoir chez leurs destinataires une crédibilité réelle.

 

Du côté des évêques qui se présentent comme les porte-parole de tous les catholiques et qui ont de ce fait l’ambition d’éclairer leur choix de votants, il y a là par contre une incohérence. Leur prétention ne correspond pas du tout à la réalité. Tout le monde peut en effet constater qu’actuellement ceux qui se disent catholiques, fréquentant ou non les églises, ont entre eux des positions fort différentes et même contradictoires sur la foi et la morale, et cela se voit même entre ceux qui participent régulièrement à la messe dominicale. Les évêques s’en rendent-ils compte ? Oui assurément, mais c’est pour gémir sur l’individualisme, le laisser-aller, le laxisme des uns et des autres, sans qu’eux-mêmes ne soient effleurées par l’idée que leurs positions traditionnelles puissent être la cause de l’éloignement de ceux qui ont quitté les églises et de l’indifférence des jeunes générations. Cette situation ne date pas d’hier. Aux temps anciens jusqu’au XVIe siècle, les fidèles peu instruits et fort conditionnés adhéraient à la foi catholique sans s’interroger. À partir de la Renaissance où est apparu le mouvement de la modernité revendiquant le droit de la raison à s’exercer librement, il en est allé autrement. Avec les découvertes scientifiques de toute nature qui n’ont fait que se développer jusqu’à nos jours et qui ont été accompagnées depuis plus d’un siècle par le développement de l’esprit critique dû à la scolarisation de plus en plus poussée, de nombreux catholiques ont pris peu à peu leurs distances vis à vis des injonctions des clercs, qui n’avaient plus de crédibilité à leurs yeux et sont devenus autonomes dans leur façon de penser et de prendre leurs décisions.

Par ailleurs, au contraire des protestants, les évêques ont voulu embrasser la totalité de la réalité française et n’ont ainsi fait que survoler les problèmes, sans mettre en relief ni approfondir ce qui est le plus préoccupant. De plus, ils n’ont pas insisté suffisamment sur la responsabilité des politiques et leur devoir d’envisager des changements, sans lesquels les efforts individuels des citoyens seront insuffisants. Sur certains points cruciaux, comme les propos débridés et mensongers des candidats d’extrême droite dont les cibles privilégiées sont les musulmans et les migrants, ils sont bien silencieux, peut-être pour ne pas déplaire à une frange catholique traditionaliste et intégriste. C’est un retrait par rapport à certaines de leurs mises en garde passées et on peut penser que les rédacteurs du texte n’ont pas voulu froisser leurs collègues proches de ces mouvements. Par contre, leurs refrains habituels sur la condamnation de l’avortement et l’euthanasie sont bien au rendez-vous, sans considération des situations particulières et en oubliant que nous sommes un pays aux convictions diverses. Pour toutes ces raisons, leur discours est une longue énumération un peu plate qui manque de vigueur en ne ciblant pas assez les points sur lesquels les politiques ont à faire face pour corriger des inégalités et promouvoir le bien commun, mis à mal par des privilèges et des statu quo qui tendent à se prolonger. On y aligne des phrases consensuelles derrière lesquelles chacun peut trouver ce qu'il souhaite en scrutant entre les lignes. Comment ne pas sortir de la lecture de ce document en ayant le sentiment que les évêques s’y sont attelés par devoir – il faut bien dire quelque chose pour la présidentielle -, mais sans prendre la mesure de l’exigence d’une parole forte nécessitée par les graves enjeux de l’actualité.

 

Ce que j'ai surtout voulu souligner par ce texte, c'est que d'un côté un texte  tombe sur les fidèles  venant d'une autorité mandatée par le ciel pour  orienter "chrétiennement" leurs votes ; et que de l'autre c'est une parole qui émerge d'une communauté de croyants, qui, inspirés par l'Evangile, s'essaient  à  analyser  les situations critiques et à formuler  propositions et questions  en direction des politiques. Il n'y a aucune symétrie dans les deux démarches.

 

Vos réactions seront les bienvenues en utilisant l’email du groupe Pour un christianisme d’avenir dont je suis membre : pourunchristianismedavenir@gmail.com


 


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