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Du bonheur de s'enrichir
de ce qui pousse
dans le jardin des voisins

 

 

Jacques Musset


Publié dans le N° de septembre de « Partages culturels »

 


1er août 2014

Je suis né et j'ai grandi dans un monde rural culturellement clos. Notre identité était donnée d'avance. Nous étions « catholiques et français toujours » . Catholiques « pratiquants » de générations en générations, fils soumis de l'Eglise catholique et de Notre Saint Père le Pape qui ne pouvaient « ni se tromper ni nous tromper », nous obéissions sans l'ombre d'un doute à la doctrine, à la morale et aux rites officiels que nous apprenions par coeur dans le petit catéchisme. Tout y était bien ficelé  en trois parties : les vérités à croire ,les sacrements à recevoir, les commandements à pratiquer. C'était le paquetage complet qui devait accompagner tous les baptisés, confessés, confirmés, eucharistiés, « extrêmisés », mariés, ordonnés jusqu'à leur mort. Mes compatriotes l'étaient sans exception. Comment en aurait-il pu être autrement en raison de la pression sociologique qui s'exerçait sur nous . Quiconque s'écartait du droit chemin était vite remarqué, rapidement montré du doigt et faisant l'objet des cancans locaux. Français, nous l'étions également, mais très modérément républicains, car nous n'avions pas encore digéré les lois laïques de la fin du XIXe siècle qui avaient mis à la porte de l'école communale les religieux qui y enseignaient ; nous avions aussi en travers de la gorge la séparation de l'Eglise et de l'Etat en 1905 qui avait donné lieu aux inventaires de l'église paroissiale et à une résistance acharnée des paroissiens, puis à la rupture du concordat ; nous n'apprécions pas non plus les gouvernements radicaux-socialistes infiltrés par les francs-maçons. Nous votions à droite et nous voyions d'un oeil méfiant socialistes, communistes, francs-maçons, libre-penseurs, cégétistes, protestants, tous mis dans le même panier, sans qu'on en ait jamais vu un spécimen. Certains de mes compatriotes campent encore sur cette mentalité traditionnelle et voient avec désolation la prise de distance voire l'indifférence de leurs enfants et petits enfants. Ce monde est en effet irrémédiablement en plein nauvrage...

Si je n'ai pas coulé, c'est que j'ai eu la chance de prendre le large. « Dehors guérit »  dit le grand marcheur Stevenson. Il en est de même pour toute ouverture à l'inconnu. Mes études, mes lectures et mes fréquentations m'ont conduit à découvrir d'autres façons de penser et de vivre. Confronté à des réalités ignorées ou rejetées par préjugé, j'ai été amené étape après étape à remettre en cause le formatage hérité non pas par rejet systématique et méprisant, mais par une démarche personnelle de réflexion. Par honnêteté intellectuelle, je ne pouvais plus adhérer tel quel à l'héritage passé. Ainsi, mon esprit et ma façon de vivre se sont enrichis, élargis, approfondis, et ce mouvement n'a cessé au long des années. Ma reconnaissance est éternelle à l'égard de tous ceux qui ont ensemencé mes terres intérieures.

Les premiers apports datent de mon adolescence. J'étais alors au petit séminaire. Entre ma troisième et ma terminale, mon professeur d’histoire m'a tout à la fois ouvert des horizons inconnus et pulvérisé des préjugés bien ancrés. Quand nous avons étudié la période du 16ème siècle, il me fit découvrir le personnage de Luther, l’initiateur de la réforme protestante. Jusqu’alors, dans ma tête, je n'avais de cet homme qu’une caricature. Elevé en milieu catholique traditionnel, je considérais le moine allemand comme un orgueilleux et un débauché. Mon professeur décrivait en détail la situation de l’Eglise au temps de la Renaissance, les abus qui y régnaient, le despotisme et l’inconduite de la papauté, le mercantilisme religieux au détriment de la prédication de l’Evangile. Replacé dans ce contexte, le combat de Luther s’expliquait, se justifiait même et la figure du réformateur apparaissait comme celle d’un courageux protestataire, dénonçant à ses risques et périls les déviations de son Eglise et appelant à revenir à la pureté originelle du Christianisme. Pour moi qui n’avait que dix-sept ans, cette présentation fut une révélation et sans doute l’un des premiers événements qui me permirent de commencer à prendre un peu de distance vis à vis de ce qui était jusqu’alors des évidences, non discutées et non discutables. Ainsi m’éveillais-je doucement au sens critique qui aide à se forger un jugement personnel en tous domaines.

Par ailleurs, observateur lucide et perspicace de la réalité politique du moment, mon professeur attirait notre attention sur les enjeux des conflits ainsi que sur les conséquences heureuses ou malheureuses des solutions apportées. En étudiant l’empire ottoman au XIXème siècle, il nous fit découvrir l’épineuse question des Balkans, bien avant le démantèlement de la Yougoslavie en 1990 et le drame récent du Kosovo. Pour lui, la question de la coexistence des peuples de cette région ayant été mal résolue, ces territoires ne pouvaient qu'être une poudrière prête à exploser à la première occasion. Sa lucidité prémonitoire s’est vérifiée quarante ans plus tard. Au moment où se sont déclenchés les événements, je me suis souvenu de ses propos.

Mon génial enseignant avait également le souci de nous ouvrir aux événements de l’histoire contemporaine. Pour cultiver notre conscience politique inexistante, il n’hésitait pas à nous donner - ce qui ne faisait pas partie du programme - quelques clés pour comprendre l’actualité. Ainsi, en 1953, alors que nous étions à la fin de la guerre d’Indochine, j’entendis parler pour la première fois de la décolonisation, des raisons qui la rendait inévitable, des obstacles qui s’y opposaient, des affrontements qui en découlaient et des énormes gâchis humains et économiques qui s’ensuivaient. C’était juste un an avant que se déclenche le drame algérien. Mon intérêt pour la chose politique a débuté à cette période. En 1958, cinq ans plus tard, je fus appelé à participer aux opérations militaires en Algérie. Grâce à mon maître, pour une part, je ne suis pas parti inconscient et totalement conditionné dans cette drôle de guerre.

Au grand séminaire, quelques rares professeurs m'ont ouvert à des perspectives nouvelles. Celui d’apologétique et de morale fondamentale, dès la première année, au lieu de nous ressortir de vieux arguments périmés, nous introduisit à la réflexion élaborée au cours des soixante-dix dernières années par les penseurs chrétiens affrontés à la modernité. Je me souviens particulièrement de sa présentation de  « l’Action » de Blondel (1893), célèbre philosophe d’Aix-en-Provence qui s’essaya à montrer que l’être humain vivant son existence avec intégrité ne pouvait pas ne pas se poser la question de la « Transcendance ». Ainsi nous introduisait-il à une approche du mystère de Dieu à partir du vivre vrai de l'existence humaine et non d'une doctrine officielle venu du ciel,  « prête à porter ». Quand vingt cinq ans plus tard, j'expérimentai réellement cette approche dans le sillage de Marcel Légaut, héritier lui-même de la démarche existentielle et intellectuelles des « modernistes » de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème, je réalisai que, dans l'enseignement traditionnel du séminaire, mon professeur sulpicien était un avant-gardiste.

Celui de théologie morale nous enseignait les vertus théologales ( je n'en ai rien retenu) et la morale sociale de l’Eglise. Il nous fit découvrir parallèlement une autre doctrine : le marxisme, dont se réclamaient alors nombre de régimes politiques à travers le monde et dont l’idéologie restait encore en 1959 attrayante et florissante, malgré la répression sanglante du soulèvement de Prague en 1956 par les chars de l’Union Soviétique. Le parti communiste français et la puissante C.G.T., sa courroie de transmission dans le monde du travail, avaient l’audience de millions de nos compatriotes. Nous découvrions la genèse de la pensée de Marx à partir des conditions misérables de vie que connaissaient au dix-neuvième siècle les ouvriers des firmes industrielles récemment créées. Nous suivions ses analyses sur le dévoiement du capital, générateur d’injustices et de pauvreté ce à quoi l'auteur du Capital concluait à la nécessité de faire la révolution, c’est à dire d’établir, sur les ruines de l’ancien régime, la dictature du prolétariat dont la première mission était l’appropriation collective des moyens de production. Ainsi disparaîtrait, pensait-il, l’exploitation de l’homme par l’homme. Les papes avaient déclaré le communisme intrinsèquement pervers, mais les théologiens les plus ouverts distinguaient l’idéologie athée, l’analyse sociale de l’organisation du travail et les méthodes de lutte pour remédier à l’injustice. Tout n’était pas à rejeter. Un discernement s’imposait pour séparer le bon grain de l’ivraie. L’actualité dans l’Eglise aiguillonnait en ce sens notre recherche. Un certain nombre de chrétiens du monde ouvrier, vivant au coude à coude et collaborant avec des marxistes au sein d’organisations communes, tentaient de s’approprier ce qui leur paraissait pertinent dans la pensée de Marx. Des prêtres même, devenus ouvriers, depuis 1943, avaient expérimenté ce compagnonnage, envoyés par leurs évêques dans le monde du travail. La brutale suppression de cette initiative en 1954 par Rome, qui craignait la dilution du sacerdoce dans l’action syndicale et politique, avait provoqué une crise terrible dans l’Eglise de France. Certains prêtres-ouvriers avaient obtempéré. D’autres qui s’étaient maintenus au travail avaient été destitués. Beaucoup de laïcs chrétiens qui, de leur côté, essayaient de témoigner des valeurs évangéliques dans leurs activités professionnelles étaient profondément déçus par la mesure autoritaire du Vatican. En 1960, les plaies n’étaient pas pansées, même si le nouveau pape récemment élu, Jean XXIII, promettait d’ouvrir largement les fenêtres de l’Eglise avec l’annonce du Concile ( en réalité, celui-ci ne fit que les entrouvrir). Baignant depuis des années dans le désir et l'attente d'une réforme à tous les niveaux, je ne pouvais, comme mes confrères séminaristes, qu'être intéressé par tout ce qui sortait les chrétiens de leur guetto et les faisait participer activement avec d’autres acteurs sociaux à l’avènement d’un monde plus juste. S’y employaient courageusement les mouvements d’Action Catholique et la génération des jeunes prêtres. C’était d’ailleurs les grandes heures du militantisme chrétien. Commençaient également à l’époque des dialogues respectueux et fraternels entre chrétiens et athées, marxistes ou non, dont l’un des buts était pour le christianisme de ne plus être considéré comme un opium mais comme un ferment de libération. Ces initiatives m'enchantaient, me stimulaient, donnaient sens à mon futur engagement dans le sacerdoce. Notre professeur de morale sociale qui partageait nos aspirations nous aidait à élargir nos horizons et opérer les discernements nécessaires dans ce qui était pour nous des nouveautés.

Mais cette première rencontre avec la modernité allait, quelques années plus tard, me faire plonger dans une crise personnelle autrement plus sérieuse bien qu'elle se révélât extrêmement féconde au bout du compte. Nous étions en mai 1968 et j'étais à l'époque aumônier de lycée. Découvrant, grâce à un collègue aumônier de la paroisse universitaire, les sciences humaines, je me trouvai affronté à leurs redoutables questions. S'opéra en moi un démantèlement de mon identité humaine, chrétienne et sacerdotale reçue en héritage. Décapé à l’acide des interrogations radicales sans pouvoir y échapper, j’ai vécu une descente aux enfers et je me suis retrouvé dans les décombres. Qu'allais-je devenir ?

Je pouvais tout envoyer par dessus bord. Ce qui m’en empêcha, c’est le sentiment que dans les ruines de mon passé religieux, il y avait de l’or à chercher. Je me suis alors attelé solitairement à la reconstruction de mon identité, en lien avec quelques confrères qui se trouvaient dans la même situation. Impossible de revenir en arrière. Il me fallut creuser profond pour trouver des sources vivifiantes. Peu à peu je les trouvai, grâce à une étude approfondie et critique de la Bible et des évangiles en pratiquant les méthodes historico-critique et structurale. De même, par une réflexion sans concession sur la condition humaine, j'acquis des représentations de l'homme, de Jésus et de Dieu qui m'étaient crédibles. Cette reconstruction dura des années. La rencontre de Marcel Légaut et de ses grands livres publiés à partir de 1970 fut une chance supplémentaire. Cet homme m’a appris à m’approprier mon existence et mon héritage chrétien d'une manière exigeante mais étonnamment libératrice. Je vérifiais petit à petit que ce chemin était un chemin de vie., même si dans l’Institution catholique dont j’étais l’un des agents, je me sentais de plus en plus étranger par la pensée et la pratique. Pourtant, durant mes dix dernières années de ministère, j'ai eu le bonheur comme formateur biblique d'initier des groupes de laïcs chrétiens à la lecture de la Bible juive et des évangiles, qui leur étaient étrangers, comme ils l'avaient été pour moi quinze ans plus tôt.

Redevenu laïc ( quand ma femme et moi décidâmes de vivre au grand jour ), j'ai poursuivi ma motivante recherche d'humanité et de vie évangélique au hasard des rencontres, des lectures, des ruminations. Combien de livres d'exégèse, de réflexion chrétienne et de philosophie (ceux de l'antiquité, quel régal!), combien de romans et d'essais ai-je lus en trente ans ! Ecrits il y a vingt-cinq siècles ou en ce début du vingt et unième, ils ont été et demeurent en temps voulu de précieux équipiers. Ils m’ont enseigné, confirmé, touché profondément, interrogé, remis en question, labouré, encouragé, approfondi, élargi à des horizons inconnus. Ils m'ont fait découvrir que le bonheur est dans l’incessante marche vers le vrai, pressenti mais jamais possédé. La plupart des auteurs qui m’ont enrichi jusqu'à ce jour sont pour l'immense majorité des gens que je n’ai jamais rencontrés et pourtant je me sens infiniment proche de nombre d’entre eux. en consonance intérieure avec ce qu’ils expriment. Ils me révèlent ce que je cherche, ils me précisent ce qui chemine en moi inconsciemment ou obscurément, ils m’aident à faire naître ma propre parole en écho à la leur. Etrange aventure que le lien entre ces auteurs et moi leur lecteur. De leurs ouvrages ! Il y a quelques livres que je relis, que j’annote, qui sont des puits inépuisables de ressourcement et de significations nouvelles.

J'ai aussi élagi mon univers avec la découverte d'autres religions notamment le bouddhisme et l'Islam, ou des spiritualités laïques, comme celle de Comte-Sponville. Chaque dimanche, Marie, mon épouse, et moi regardons l’émission Voix bouddhistes à huit heures et demie sur France 2 dans le cadre des émissions religieuses hebdomadaires. J’aime entendre ces témoignages issus d’une autre tradition spirituelle que la mienne. Ils m’invitent à découvrir des chemins d’humanisation pour moi inconnus. Récemment, c’était un moine Zen, d’origine occidentale, qui nous présentait le cœur de la démarche Zen, bien différente de la vision spontanée qu’en donne la publicité ! Dans l’assise silencieuse, il s’agit de lâcher prise vis-à-vis de tout ce qui encombre intérieurement afin de parvenir sans tension à une ouverture inconditionnelle de son être. Je ne suis pas un pratiquant Zen mais il m’arrive de temps à autre d’expérimenter furtivement cette ouverture et ce lâcher prise vis à vis de ce qu'il me faut abandonner.

Pareillement, je regarde avec grand intérêt certaines émissions hebdomadaires sur l'Islam qui suivent Voix bouddhistes, lorsqu'elles traitent de la réinterprétation du Coran dans la modernité. On ignore généralement cette démarche qui pourtant n'est pas récente. Elle est l'oeuvre de nombre de pionniers étrangers et français, hélas peu connus . C'est un ferment prometteur au coeur d'une tradition qui reste encore marquéez par le fondamentalisme. Ces penseurs me font penser, du côté catholique, aux exégètes et théologiens « modernistes » de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle. A leurs risques et périls, ils se sont efforcés de repenser le christianisme dans la culture moderne. Ils en ont payé le prix cher mais ils ont ouvert une voie de recherche, impossible à refermer. J'admire aujourd'hui les animateurs de l'émission Islam qui dans le contexte actuel ont le courage de débattre librement et publiquement du nécessaire retour aux sources afin d'en dégager l'esprit essentiel des formes relatives afin de lui donner corps en notre temps. Je me sens comme encouragé moi-même à poursuivre le même chemin dans ma propre tradition.

Je lis actuellement le livre « En tenue d'Eve « (Grasset) de l'une des deux femmes rabbins en France : Delphine Hovilleur, qui fait partie du l'aile libérale de la religion juive. Elle aussi réinterprète la Thora dans le contexte de notre modernité, comme son confrère Marc-Alain Ouaknin, rabbin et philosophe. C'est un bonheur de les entendre présenter la Bible comme un école d'approfondissemnt de leur humanité, ici et maintanant, et non comme un ensemble de prescriptions tâtillonnes et valables pour les siècles des siècles. Ils s'inscrivent dans la grande tradition juive du débat sur les textes qui fait naître sans cesse de nouvelles significations. Dans le catholicisme nous avons perdu cette tradition en érigeant une doctrine dogmatique, vérité unique s'imposant à tous. Quel gâchis ! J'en viens à penser que la connivence entre les êtres dépend moins de l'appartenance à une même tradition spirituelle ( elle peut être en effet formelle) que d'un esprit commun d'ouverture et de créativité animant les fidèles des différentes traditions religieuses ou des spirtualités non religieuses. Je me sens ainsi plus proche intérieurement de certains bouddhistes, juifs, musulmans, agnostiques et athées qui s'efforcent de vivre vrai et de penser juste que de certains catholiques agrippés à une doctrine et une morale qui n'a rien d'évangélique.

Relisant à près de quatre-vingt ans l'aventure de plein vent de mon existence engagée étape après étape sur des sentiers imprévus et inconnus, je me réjouis grandement de tout ce que j'ai reçu d'ailleurs, issu de cultures diverses. On m'avait enseigné la Vérité unique venant du ciel et, de fil en aiguille, après de multiples décantations et découvertes, j'en suis arrivé à tracer ma voie dans le champ des multiples et relatives interprétations de l'homme et de Dieu. C'est en me les appropriant qu'elles m'ont façonné. Cependant je demeurerai jusqu'à ma mort sigulièrement étonné d'avoir randonné sur tant de merveilleuses terres qui m'étaient étrangères au point de départ de ma vie. Ma « déportation » m'a été infiniment salutaire et j'ai pu moi-même, par ce que je suis devenu, aider des prochains à vivre leurs propres déplacements et transhumances intérieurs. J'ai choisi de continuer à cheminer dans ma Tradition judéo-chrétienne le regard tourné vers Jésus de Nazareth, délesté d'un paquetage encombrant accumulé au long des siècles. Toutefois je me sens en connivence et même davantage en communion avec tous ceux et toutes celles qui, de traditions différentes, religieuses ou non, s'attachent à vivre eux aussi soucieux d'authenticité et de réinterprétation de leur héritage.

La jeune génération actuelle des 25 -40 ans ne connaîtra sans doute pas le travail que les chrétiens de ma génération ont dû faire pour se réapproprier le legs spirituel transmis par leurs devanciers. La reprenant à son compte, y étant indifférente ou s'inspirant d'autres traditions ( à l'heure de la mondialisation, les propositions sont plurielles) , elle n'échappera pas cependant, à moins de vivre en somanmbule, en girouette ou en caméléon, à la même activité intérieure qu'avec d'autres j'ai pu connaître. Aujourd'hui comme hier et demain, quel que soit notre âge, nous ne devenons des vivants ( et pas seulement des vécus) qu'en transformant en notre propre substance les appports qui nous viennent de tous horizons. C'est le souhait que je formule à tous les lecteurs de « Jésus ». Tâche exigeante et implicante mais infiniment gratifiante.

 

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( 1 )  Une bonne introduction : Les nouveaux penseurs de l'Islam de Rachid Benzine (Albin Michel poche) 2004

 

 

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