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Un couronnement religieux
dans une Angleterre sécularisée



 

Claudine Castelnau


15 mai 2023

 

Une approche très politique et laïque l’a emporté dans les commentaires des médias français lors du couronnement de Charles III, le 6 mai dernier. Y compris dans l’hebdomadaire protestant Réforme où un historien se demande si « la monarchie (britannique) est compatible avec la modernité » … Pourtant, cette cérémonie a été présentée à plusieurs reprises, dans la presse britannique et durant le couronnement comme un acte religieux d’abord. On a appris aussi que des journalistes britanniques avaient été briefés par des responsables religieux anglicans dans les jours qui précédaient pour bien comprendre et expliquer ensuite le déroulement de cette cérémonie. Ce qui faisait remarquer par un journaliste du quotidien américain The Washington Post que « pour un pays qui est si laïc et où si peu vont à l’église, on mentionne beaucoup Dieu ».

« C'est un commentaire juste, écrit Madeleine Davies journaliste britannique spécialisée dans l’information religieuse. En tant que monarque, le roi Charles n'est pas seulement le chef d’État du Royaume-Uni, mais aussi le Défenseur de la foi (un titre donné par le pape en 1521 au roi Henri VIII avant que celui-ci ne rompe avec l'Église catholique romaine). Il est aussi Gouverneur suprême de l'Église anglicane d'Angleterre. »

Durant le couronnement à l'abbaye anglicane de Westminster à Londres, Charles, est aussi oint d'huile sainte par l'archevêque anglican de Cantorbéry, primus inter pares de la Communion anglicane, avec comme à chaque intronisation de roi depuis l’an 973 une référence biblique à l'onction de Salomon, roi d’Israël.  

« C'est le couronnement plus que tout autre événement qui souligne la nature sacrée de la monarchie du Royaume-Uni, explique un historien britannique. Lors de leur couronnement, les rois et les reines ne sont pas simplement couronnés et intronisés, mais consacrés, mis à part et oints, dédiés à Dieu et revêtus d'habits sacerdotaux et d'insignes symboliques.

Et tout cela s’est déroulé dans un pays où, comme l'a révèlé un récent recensement, moins de la moitié de la population se dit chrétienne » souligne la journaliste. Les propres statistiques de l'Église d'Angleterre suggèrent que seulement 1,5 % de la population assiste à un service hebdomadaire, tandis qu'une enquête de 2018 sur les attitudes sociales britanniques a révélé que 43 % d'entre eux n'assistent jamais ou pratiquement jamais à un service religieux. 

D’où cette remarque : « Pour bon nombre des millions de personnes qui regardent le couronnement à la télévision, ce sera probablement le premier service religieux qu'ils observent depuis des années, voire jamais […] Mais c’est le « spectacle » qui comptera pour la plupart des gens, suggère une enseignante en théologie morale et sociale du King’s College de Londres. Il y a là de quoi plaire à une société accoutumée à Game of Thrones, Harry Potter et Le Seigneur des Anneaux, dans laquelle « l'imagination populaire est nourrie et touchée par des histoires de chevalerie, de bravoure chevaleresque et de magie mystique, commente l’historien. Pourtant, au fond, le couronnement est une cérémonie profondément religieuse. En fait, le Royaume-Uni est la seule monarchie d'Europe à conserver un couronnement religieux », alors même que la plupart des Britanniques interrogés ne perçoivent plus le sacré de la cérémonie.

 

Un journaliste connu a même déclaré sur une radio de la BBC que le couronnement était « wonderfully silly »  (merveilleusement fou) et la National Secular Society (Société nationale pour la laïcité) a protesté contre « ces traditions anglicanes qui submergent la cérémonie du sacre alors que la société britannique est de plus en plus pluraliste et sécularisée » Alors, est-ce la tradition elle-même que les Britanniques considèrent maintenant comme sacrée en soi, même lorsqu’ils en ignorent la signification religieuse ? Et que le peuple devant lequel Charles se présente, à l’abbaye de Westminster, n’hésite pas à manifester à haute voix son soutien en déclarant « God save King Charles » (Que Dieu protège le roi Charles) 

 

 

 

Et pourtant ! Parmi les serments que le roi Charles aura prêtés figure celui de « maintenir et préserver sans faille l’établissement de l’Église d’Angleterre, sa doctrine, son culte, sa discipline et son gouvernement conformément à la Loi établie en Angleterre. » Mais avant ce vœu exprimé par Charles, l'archevêque de Cantorbéry a expliqué le sens moderne de cet engagement de l'Église d'Angleterre de « favoriser un environnement dans lequel les personnes de toutes confessions et croyances pourront vivre librement. » Le roi priera à haute voix, demandant à Dieu de lui accorder « d’être une bénédiction pour tous tes enfants, de toute foi et conviction. »

Si les sondages ont révélé que moins de 20 % des Britanniques de confessions non chrétiennes ou sans religion se sentent étrangers à un couronnement à coloration fortement chrétienne c’est, redisons-le, parce que la plupart ne considèrent pas la cérémonie comme un acte religieux mais comme l’occasion d’une fête pour tous.  Un théologien anglais propose ainsi le « test du Martien » A savoir que si un Martien regardait le service du couronnement et que vous lui demandiez ce qu’il a appris de la religion anglaise, il répondrait à coup sûr : « On dirait qu’ils vénèrent le roi [comme un dieu]. »

Quant à la séparation de l'Église et de l'État, elle reste « une vision alternative » au Royaume-Uni, remarque un théologien avec humour !  

 

Il reste un regret : on avait annoncé la présence de représentants d’autres religions. Ils étaient là mais on ne leur a donné aucune place importante, visible, sauf à lire un texte dans la Bible pour le Premier ministre Rishi Sunak qui est hindou (pourquoi pas plutôt un texte de la Baghavad Gita ?) L’archevêque catholique romain de Westminster a aussi prononcé une bénédiction sur le roi. Quant au don de fragments de la croix sur laquelle Jésus aurait été crucifié offerts par le pape François au roi Charles il relève plus de la magie que de l’œcuménisme !

 

Il pleuvait à verse sur Londres, c’était donc bien l’Angleterre que nous connaissons ! Mais les Anglais et autres Britanniques n’ont pas peur de la pluie et la fête fût belle… c’était la Merry England !


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