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Antisémitisme de la diplomatie russe

 

Claudine Castelnau


30 janvier 2023

 

Le Monde a publié le 29 janvier un article de l’historien Jean-Pierre Filiu, spécialiste bien connu du Moyen-Orient sur « la tentation antisémite de la diplomatie russe. » Et plus précisément sur le ministre des affaires étrangères de Poutine, Serguei Lavrov, qui selon Filiu « multiplie les comparaisons nauséabondes entre Hitler et Zelensky, voire entre les nazis et les démocraties occidentales, au nom de leur soutien à l’Ukraine. » Bien connu à l’international, au plus haut niveau, ce diplomate chevronné en poste depuis longtemps au point qu’on a pu le surnommer « le Talleyrand de la diplomatie russe », sa sortie sur les opposants à l’invasion russe de l’Ukraine en les comparant à Hitler et aux nazis et la gravité de ses clichés antisémites ont provoqué un choc.

 

Ainsi, rappelle Filiu, Lavrov n’a cessé de marteler sur la scène internationale que l’invasion de la Russie visait à « dénazifier » ce pays et à sauver la population russophone d’un « génocide » reprenant « les formules provocatrices » de Poutine pour justifier son invasion.

 

Jean-Pierre Filiu rappelle encore qu’en mai 2022, Serguei Lavrov interrogé par une télévision italienne sur les origines juives du président Zelensky retorque : « Et alors, si Zelensky est juif ? » Cela ne change rien à la présence d’éléments nazis en Ukraine. Il me semble qu’Hitler avait aussi du sang juif. » Et d’ajouter, « certains des pires antisémites sont juifs ».  « Le chef de la diplomatie russe reprend ainsi une fable conspirationniste en vogue dans les cercles négationnistes, fable qui, comme de coutume, continue de se diffuser malgré les démentis catégoriques de la recherche historique. »

 

Des déclarations accueillies fort mal en Israël et qualifiées de « délirantes et dangereuses » ou encore de « propos scandaleux, impardonnables et d’horrible erreur historique » par un ministre israélien et qui ont valu à l’ambassadeur de Russie en Israël d’être convoqué pour s’expliquer. L’ardeur de Serguei Lavrov n’en n’a pas été refroidie pour autant et un communiqué de son ministère accuse le gouvernement d’Israël de « soutenir le régime néonazi de Kiev. L’histoire connaît malheureusement des exemples de collaboration entre nazis et juifs. »

 

Affirmant que « l’Ukraine, soit dit en passant, n’est pas la seule dans ce cas », les affaires étrangères russes accusent cette fois le président de Lettonie (un État balte) d’avoir des sympathies nazies, en dépit de ses origines juives. Tandis que les démocraties occidentales soutenant l’Ukraine sont visées par Lavrov : « Tout comme Hitler a mobilisé et conquis la plupart des pays européens pour les lancer contre l’Union soviétique, aujourd’hui les États-Unis ont monté une coalition » dont l’objectif serait le même, la « solution finale à la question russe. Tout comme Hitler voulait résoudre la question juive, désormais les dirigeants occidentaux disent sans ambiguïté que la Russie doit subir une défaite stratégique. »

 

On a pu être indigné devant cette instrumentalisation de la Shoah, ou par l’absurdité des propos de Lavrov, mais Jean-Pierre Filiu nous met en garde : « Les provocations du ministre des affaires étrangères russe doivent pourtant être prises très au sérieux, tant elles sont révélatrices de la paranoïa complotiste qui règne au sommet du pouvoir à Moscou. » Elles s’inscrivent en outre dans un contexte de harcèlement d’Etat à l’encontre des institutions juives de Russie.

 

Déjà, le grand rabbin de Moscou, Pinhas Goldschmidt, a été contraint de se réfugier en Israël pour avoir refusé de soutenir l’invasion de l’Ukraine, invasion qu’il qualifiait au contraire de « catastrophe pour la Russie et pour les juifs russes. » Et en juillet 2022, l’Agence juive qui s’occupe entre autres de l’Alyah (retour en Israël) des juifs dans le monde a été menacée d’être fermée par le ministère russe de la justice. « Face à un tel acharnement, sans précédent depuis la chute de l’URSS, les déclarations du ministre Serguei Lavrov résonnent de manière sinistre à l’intérieur comme à l’extérieur de la Russie », nous avertit Jean-Pierre Filiu.

 

Et à propos du grand rabbin de Moscou, le Monde du 16 juillet dernier racontait comment Pinchas Goldschmidt avait dû fuir la Russie peu après le déclenchement de la guerre contre l’Ukraine et se réfugier à Jérusalem. La raison : les autorités russes avaient exigé que cet influent rabbin soutienne publiquement « l’opération militaire spéciale », en clair l’attaque de l’Ukraine.  Et le rabbin n’a pas cédé. Il a donc fui Moscou pour Israël, avec sa femme, sous un faux prétexte alors qu’il avait contribué à la renaissance de la vie juive après la dissolution de l’URSS. Et il a accepté de démissionner de son poste de grand rabbin de Moscou. Et selon lui, des milliers de juifs russes « ont quitté le pays, craignant une résurgence de l’antisémitisme d’État qui existait à l’époque tsariste et soviétique. »

 



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