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Chrétiens évangéliques au Népal


 

Claudine Castelnau

 

 

16 janvier 2023

Le Népal, est dans l’actualité de ce dimanche avec un avion de la compagnie nationale qui s’est écrasé peu après son décollage de Katmandou, faisant au moins 72 morts dont un Français. Mais le Népal était aussi dans l’actualité ce 13 janvier, avec des missionnaires chrétiens évangéliques venus de Corée et qui convertissent avec succès des populations indigènes vivant aux pieds de l’Himalaya et naguère encore attachées à d’anciennes pratiques du bouddhisme tibétain [Bouddha serait né au Népal selon la tradition]. Il semble qu’aujourd’hui, ces communautés chrétiennes au Népal, un pays hindou, posent problème : convertir les gens à une autre religion est interdit dans ce pays or on constate que des villages entiers se convertissent au christianisme.

 

Et la plupart de ces nouveaux convertis sont des Dalits, au bas de l’échelle sociale des castes hindoues, ou des indigènes pauvres et spirituellement délaissés. Ils peuvent croire aux miracles comme les missionnaires chrétiens l’affirment pour expliquer les conversions en masse mais surtout, comme ailleurs en Inde, se convertir c’est échapper au système des castes, qui n’existe pas dans le christianisme et donc échapper à la discrimination et à la pauvreté qui lui sont liées.

 

Et si les missionnaires prétendent avoir construit des églises dans chaque vallée népalaise, il n’y a aucun doute : le nombre d’église au Népal a considérablement augmenté : les dernières statistiques affichaient le chiffre de 7758 églises au Népal, ce pays encore majoritairement hindou mais un État laïque et dont la constitution de 2015 reconnaissait la liberté de religion. 

  Chrétiens évangéliques en prière

Une liberté malmenée depuis 2018, lorsqu’une loi anti-conversion a interdit de changer de religion. Et les missionnaires born again (convertis, selon le vocabulaire évangélique) coréens savent bien qu’ils peuvent être poursuivis à cause de leur entreprise de conversion et condamnés à des années de prison.

 

Mais ils affirment pourtant que bien que travaillant dans la peur désormais, ils ne peuvent empêcher l’évangile de se répandre à cause de leur peur. « Nous n’arrêterons pas de sauver des âmes », affirme l’un d’eux au journaliste.

 

La communauté chrétienne népalaise ne représente que 2 % de la population, contre quelque 80 % d’Hindous et 9 % de bouddhistes, mais les recensements donnent de l’espoir : en 1951, il n’y avait aucun chrétien au Népal et en 1961 juste 458. Mais en 2011 il y en avait 376 000 et quelque 545 000 au dernier recensement, ce qui inquiète un ancien premier ministre qui voit dans le christianisme une menace de l’identité culturelle népalaise et il milite pour que l’État népalais soit à nouveau un État hindou et plus laïque. « Ce n’est pas une affaire de liberté de religion, affirme ce politique, mais d’exploitation organisée au nom de la religion » Et si ce missionnaire reconnaît que la propagation de l’évangile à ceux qui ne l’ont pas encore entendu « peut provoquer des clashes avec la religion et la culture existantes », ce choc culturel est pour lui « inévitable. »

 

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