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États-Unis
les élections et les pasteurs



 

Claudine Castelnau

 

 
14 novembre 2022


Les articles et réflexions n’ont pas manqué ces dernières semaines en attente des résultats des élections de mi-mandat. Il faudra pourtant attendre jusqu’au 5 janvier pour le dernier round : celui des sénatoriales où les candidats de Géorgie n’ont pas obtenu au premier tour les 50 % de voix nécessaires à leur élection. Une élection importante, le Sénat est la partie législative du gouvernement, car du vote des sénateurs dépendent les lois proposées par le Président américain en matière de réforme de l’assurance santé, d’économie, de réchauffement climatique et autres. 


En lice en Géorgie pour ce second tour, deux républicains et deux démocrates. Et en cas de victoire des démocrates, le Sénat actuellement aux mains de républicains basculerait du côté du président Biden. Deux hommes atypiques : un juif libéral et un pasteur baptiste se présentent, du côté démocrate. Jon Ossof, est le plus jeune membre du Sénat et le premier juif membre du Sénat depuis qu’en 1878 un juif avait représenté la Louisiane. Quant à Raphael Warnock , un pasteur baptiste noir de 51 ans l’hebdomadaire protestant Réforme 
le qualifie de « figure de la gauche religieuse d’Atlanta. Il s’est lancé dans la course aux sénatoriales avec le rêve de transformer la Bible Belt en un nouveau bastion progressiste [la ceinture de la Bible, une quinzaine d'États américains, en gros les États sécessionnistes du sud des États-Unis]

sont d’un protestantisme fondamentaliste sur le plan théologique et très conservateurs sur le plan social.


Un pari, transformer ces terres conservatrices en bastion progressiste qui aurait pu paraître fou il y a dix ans mais qui est aujourd’hui beaucoup plus atteignable, tant le paysage électoral s’est transformé en Géorgie ces dernières années : dans cet État dont un tiers des habitants sont noirs et près de 10 % d’origine hispanique, les minorités et les jeunes, jusqu’ici peu engagés politiquement, s’inscrivent désormais en masse sur les listes électorales, remontés contre les violences policières, les inégalités économiques
et 
la montée du racisme qu’ils ont vécu durant la présidence de Donald Trump. »




 

Ces problèmes, Raphael Warnock, l’afro-américain qui a grandi à Savannah en Géorgie, dans un logement social avec onze frères et sœurs, les connaît bien. « Alors que mes parents étaient pasteurs, la police n’hésitait pas à nous arrêter arbitrairement dans la rue et à nous fouiller au corps puis à nous relâcher, sans aucune excuse » a-t-il raconté récemment lors d’un rassemblement électoral. Aujourd’hui, plusieurs décennies plus tard, les prisons américaines abritent à elles seules 25 % de la population carcérale du monde, dont nombre de Noirs. Il faut que cela cesse », estime le candidat, qui milite entre autres pour une réforme de la police et du système judiciaire.


Enfin, « l’histoire de son frère Keith », condamné à de la prison à vie après avoir commis un délit non-violent lié à une affaire de drogue en 1997, « a fortement influencé son combat » dans le domaine de la justice, remarque un journaliste d’un quotidien d’Atlanta, la capitale de la Géorgie.
« Pour gagner, Raphael Warnock et ses soutiens misent beaucoup sur son parcours religieux et sur son charisme de leader spirituel. […] Il faut ajouter que Raphael Warnock est pasteur de l’Eglise baptiste Ebenezer d‘Atlanta, dont Martin Luther King était le pasteur. Un atout supplémentaire qui lui permet de se revendiquer de l’héritage de Martin Luther King, ce qui est important pour l’électorat noir.


« La candidature de Raphael Warnock illustre la force des Églises afro-américaines aux Etats-Unis,
souligne une pasteure et théologienne de la faculté de théologie de l’université Emory à Atlanta. « C’est une sacrée pression pour Raphael Warnock. Tout le pays a les yeux rivés sur nous en Géorgie », affirme-t-elle. Y compris ses adversaires républicains conservateurs qui l’accusent de « trahir les valeurs chrétiennes et patriotiques de l’Amérique », entre autres par ses positions en faveur de la liberté d’avorter ou encore ses propos anti-militaristes.


Ces républicains qui en fait « ont peur de ces Églises noires, lieux d’influence capables de menacer leur pouvoir », note la théologienne.  Si Jon Ossoff et Rapahael Warnock réussissaient à battre les républicains le 5 janvier, ils feraient basculer le Sénat dans le camp démocrate. « Un scénario rêvé pour Joe Biden qui craint aujourd’hui le pouvoir de blocage malfaisant des républicains contre ses propositions de gouvernance. Un scénario rêvé aussi pour la démocratie américaine.



Le Pew Research Center, un think tank américain indépendant qui fournit des statistiques et des informations sociales a mené une enquête en octobre d’où il ressort que « 45 % des Américains déclarent que les États-Unis devraient être une « nation chrétienne. » Mais ils divergent fortement sur la signification de « nation chrétienne » et 2/3 d’adultes américains déclarent que « les Églises ne devraient pas faire de politique. » Et pourtant : le pasteur baptiste afro-américain Raphael Warnock n’est pas le premier leader religieux américain à se lancer en politique.


Ainsi, rien qu’en 2020, six autres pasteurs ont été candidats au Congrès selon le Pew Research Center et si l’on n’a pas vraiment de comptes exacts depuis les débuts de l’histoire politique américaine, du nombre de responsables religieux ayant siégé à la chambre des Représentants ou au Sénat, la totalité étaient chrétiens, tous quasiment protestants à l’exception de deux prêtres catholiques. Dès 1789, le premier Congrès américain comptait six pasteurs, dont un luthérien qui fut le premier président de la Chambre des représentants.



Un mot de ces Églises africaines-américaines. comme celle du révérend Warnock. Après l'abolition de l'esclavage, les pratiques ségrégationnistes, tant dans le Nord que dans le Sud, découragent voire empêchent les Afro-Américains de pratiquer leur foi dans les mêmes églises que les Blancs. Les populations noires créent alors leurs propres congrégations distinctes de celles des Blancs. Ces nouvelles Églises noires participent à l'émergence de pratiques de culte, culturellement distinctes de celles des autres Églises, notamment par l’osmose avec des traditions spirituelles venues d'Afrique.


Les Églises sont dès lors au cœur de la vie des communautés noires, servant de lieux d'éducation pour les enfants, dans les premières années après la 
guerre de Sécession et fournissant des services sociaux aux plus démunis. Les Églises noires participent ainsi au renforcement des organismes communautaires et les dirigeants spirituels et politiques, y trouvent, comme Martin Luther King pendant le mouvement des droits civiques entre 1954 et 1978,  des militants et un soutien spirituel, matériel  et politique. « La Bible est brandie une fois encore comme un instrument de libération par les prédicateurs noirs. »


 

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