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Les Juifs d'Amsterdam




Claudine Castelnau


24 novembre  2024


 

Riforma, l’hebdomadaire des protestants italiens est revenu le 15 novembre sur les affrontements qui avaient eu lieu dans la ville d’Amsterdam entre les supporters israéliens du club de foot Maccabi et l’Ajax d’Amsterdam. Les mesures de sécurité prises pour éviter tout débordement se sont révélées insuffisantes tant la rencontre était chargée politiquement et les affrontements entre tiffosi prévisibles. Certains n’ont pas hésité, dont le premier ministre israélien, à qualifier de « pogrom » et de « Nuit de cristal » ces affrontements.  

En face, certains supporters de l’Ajax criaient au génocide à Gaza où se joue une guerre sans fin contre les Palestiniens. Et l’on a vu des chasses aux juifs par chauffeurs de taxi et des jeunes hollandais à moto dans les rues du centre d’Amsterdam tandis que Geert Wilders, le leader politique d’extrême-droite hollandais, dont les positions s’apparentent à celles de Mateo Salvini ou de Viktor Orban, appelait encore une fois à « l’expulsion de tous les Arabes des Pays-Bas », son obsession. Et la question s’est posée : le poids du passé est-il si prégnant et si présent pour qu’un misérable match de foot débouche sur une telle violence ?

Amsterdam compte environ 900 000 habitants dont 30 000 se déclarent juifs. Mais si l’on compte ceux qui ont dans leur arbre généalogique une victime ou un survivant de la Shoah, on a environ 100 000 habitants liés au judaïsme, même s’ils ne le pratiquent pas. On compte également environ 100 000 musulmans pratiquants. Mais on peut doubler leur nombre à 200 000 si l'on considère tous ceux qui sont originaires des pays islamiques (troisième ou quatrième génération). Il y a également plus de 100 000 expatriés, notamment européens et américains. Une ville multiethnique donc.

Il n’est pas vrai qu’il n’y ait pas de racisme ici, mais plutôt que de « tolérance », je parlerais de « pragmatisme » : la coexistence est appropriée parce qu’elle est utile, socialement et économiquement. Aujourd’hui, Amsterdam est silencieuse et consternée : le miroir dans lequel nous aimions nous admirer en tant que citoyens pacifiques et multiculturels s’est brisé.

Les Pays-Bas comptent le pourcentage de Juifs déportés le plus élevé d’Europe occidentale : 75 %, bien supérieur à la Belgique et à la France. Sur 107 000, seulement 5 200 sont revenus. 79 000 Juifs vivaient à Amsterdam en 1940. Aujourd’hui, beaucoup d’entre nous, vivons dans des appartements d’où des familles entières juives ont été expulsées.

Le niveau de collaboration de l'appareil gouvernemental municipal (bureaucrates de l'état civil, transports publics avec lesquels les Juifs étaient déportés, police, etc.) est resté intact. celui de l'indifférence complice (voisins, commerçants, professeurs d'école, etc.) a été couvert dans l'après-guerre par le silence et l'hypocrisie.

Alors que le monde entier était ému et avait élu comme symbole emblématique de l'Holocauste néerlandais Anne Frank, nous avons délibérément gardé le silence sur les 107 000 autres, sur les maisons et les comptes bancaires, les bijoux, les pianos et les tableaux que l’État néerlandais s’est approprié à la fin de la guerre.

Entre 1940 et 1945, la municipalité d'Amsterdam avait même demandé aux très rares survivants qui revenaient des camps de payer les taxes municipales impayées « en raison d'une absence non certifiée ». C'est à cela que faisait référence le roi Willem Alexander lorsqu'il a déclarait après le match : « Nous avons laissé la population juive néerlandaise être détruite dans le passé, et la nuit dernière nous avons encore échoué » (référence à sa grand-mère qui a abandonné les Hollandais et fui à Londres en 1940).

 

Peu à peu le désir de connaître et de respecter l’autre se fait jour. Le passé ne peut être nié, mais cela ne peut pas arrêter le désir de connaître et de respecter « l'autre ». Ce qui s'est passé ici à Amsterdam [après le match] est si grave et douloureux en soi que nous n'avons pas besoin du sensationnalisme de comparaisons inappropriées et irrespectueuses (Pogrom,  Kristallnacht). Cela jette de l'huile sur le feu au lieu d'éteindre les mèches qui l'ont provoqué. La solidarité de l’étranger est la bienvenue, mais pas un feu de haine qui, lorsqu’il se propage, brûle tout et tout le monde, amis et ennemis, coupables et innocents. Le feu de la haine ne fait pas de distinctions et confond passé et présent, générant davantage de haine. Nous n'en voulons pas. 

 





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